Par Laurent Edriat, 22/06/2022

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Mauvais réflexes face à une situation de difficulté, perte de motivation face à un événement ou emportement de colère à l’encontre de ses adversaires ou de ses coéquipiers, nous avons déjà tous entendu, lors d’un témoignage de joueur durant un match de football que “tout se passe dans la tête”. Ça vous rappelle quelque chose ? Un vague souvenir de la fameuse “remontada” de Barcelone contre Paris, qui n’est en aucun cas causée par une déficience de performance physique. Mais plutôt par une embolie mentale. Les croyances personnelles : on fait le point !

1 - Les croyances personnelles, qu’est ce que c’est ?

Les croyances personnelles sont un phénomène psychologique. Elles prennent une place prépondérante dans la préparation mentale. Elles ont une grande influence sur l’adaptation physique et psychologique aux situations, et dans ce cas, directement sur la performance. Souvent, les joueurs qui en font l’expérience n’en ont même pas conscience.

Elles peuvent être des croyances positives, et des croyances négatives, autrement appelées croyances limitantes. L’une ou l’autre agissent directement sur les performances mentales et physiques.

2 - Quelles sont leurs origines ?

Elles proviennent d’hypothèses ou d’expériences personnelles subjectives, qui, une fois vécues, sont considérées comme une vérité absolue, sans aucunes preuves objectives qui permettent d’affirmer le contraire. Le temps joue en faveur de ces croyances via la répétition d’événements similaires confirmant des résultats attendus. Une fois ancrées dans l’esprit, ces vérités subjectives sont difficiles à déloger, tout comme le modèle des habitudes. Le rassemblement de ces croyances constitue chez une personne “sa vision du monde”.

3 - Comment se composent les croyances personnelles ?

Elles sont souvent formulées sur le même modèle, qu’elles soient capacitaires, identitaires ou conditionnelles. “Je peux / je ne peux pas”, “Je suis comme ci / je suis comme ça”, “Si ceci, alors cela”…

Elles sont faciles à reconnaître lorsque nous avons conscience de ce processus, elles sont plus difficiles à être constatées lorsqu’on s’entoure socialement de proches, qui nous ressemblent et qui affirment de leurs points de vue qu’une ou plusieurs croyances sont vraies pour eux également. Dans ce processus, ces croyances ne sont plus personnelles, mais deviennent collectives et confortent l’idée de : “je suis normal car je pense comme eux, c’est donc vrai”.

4 - Les croyances personnelles influent sur la performance.

Le développement des croyances est étroitement lié à la croissance et à la construction de chaque individu de par ses expériences, sa psychologie et son entourage. Ainsi, fondés sur deux bases différentes et face à une même situation, deux individus peuvent réagir de manière totalement différente. 

Nous sommes sur le terrain, 85ème minute, et l’équipe à domicile est menée 2 à 0. 

Un joueur A, face à cette situation, peut se dire que le match est perdu et qu’ils ne pourront jamais remonter le score car il a toujours perdu dans ce cas précis. Les conséquences de cette pensée résulteront sur une baisse de la performance morale qui se ressentira énormément sur le plan physique, ici on parle de croyance limitante. 

A l’inverse, un joueur B, qui a déjà remporté un match dans une situation identique par le passé, se dira que la victoire est totalement réalisable et qu’il ne faut pas abandonner, mais plutôt tout donner pour avoir une chance de remporter le match en inversant la tendance. De ce phénomène découle une augmentation de la motivation et donc de la performance mentale et physique sur le terrain à ce moment précis. 

Le joueur A subit une situation de fatalité, alors que le joueur B utilise ses croyances pour se dépasser en les utilisant comme une source de puissance, à l’image de l’essence pour le moteur.

Dans un bon nombre de situations, nous pouvons nous limiter nous-mêmes alors qu’il n’y a pas lieu d’être dans un contexte objectif.

Une fois ancrées, répétées et confirmées consciemment ou inconsciemment, ces croyances s’ancrent profondément dans notre façon de penser. Notre besoin naturel de réassurance lié à notre capacité d’attention humaine, qui est par définition sélective et limitée, nous conduit à reproduire des schémas identiques, même s’ils sont à l’origine de souffrances pour nous.

5 - Quel est le rôle du préparateur mental dans ce contexte personnel ?

Les croyances limitantes ne sont pas utiles au quotidien, et pire, elles influencent négativement le joueur en l’enfermant dans une spirale fatale face à des situations récurrentes et similaires. Pour dépasser ses limites et décupler sa performance face à ces situations d’échecs, le joueur se doit de s’en défaire. 

Le premier rôle du préparateur mental est d’aider le joueur à reconnaître ses pensées limitantes. Il est important de mener une analyse comportementale dans des situations d’échecs, ainsi que de communiquer sur les émotions, les ressenties, et les pensées compulsives qui y sont liées. Le processus d’identification des pensées limitantes, qu’elles soient conscientes ou inconscientes, est la première étape pour se restructurer.

Le second rôle est l’accompagnement du joueur dans le travail mental pour déstructurer ces croyances limitantes et les reconstruire en abolissant les habitudes liées aux expériences similaires. C’est une re-programmation du comportement physique et mental lié à des événements internes ou externes. 

Cette confrontation récurrente à l’échec est souvent mal vécue, et selon les profils, elle peut aboutir à des cas de conflits internes entre la volonté d’un joueur et sa croyance négative, qui s’affirme tel une privation interne de liberté.

6 - Transformer ses croyances limitantes en croyances positives

Le travail mental permet d’autoriser ce que la croyance interdit, et ce changement sera ressenti directement dans les performances physiques, et des réflexes sur le terrain. Ainsi, on inverse la croyance en changeant la perception de la fatalité qui peut exister.

Concernant les croyances positives, il est absolument essentiel de les conserver. Elles sont directement liées à la confiance en soi et sont un carburant naturel qu’il est important de conserver et de cultiver.

Il est possible d’identifier seul ses croyances limitantes en ayant conscience de leur déroulement en notre fort intérieur. Il est également possible de s’en défaire seul et de les transformer en croyance positive de par une introspection et un entraînement personnel. Mais il faut garder à l’esprit que l’objectivité doit être maître dans le processus de changement : l’accompagnement d’autrui rend le processus simple et intuitif sur ce point. 

Pour conclure, il est important de les confronter à une réalité objective : on peut se demander si cette situation et le comportement qu’elle engendre est vrai dans 100% des cas, ou bien seulement dans les expériences que j’ai vécues personnellement? Ainsi, pour s’en défaire, on peut les reformuler de manière positive en se disant : “Nous sommes menées 2 à 0 à la 85ème minute de jeu, j’ai toujours la capacité de faire la différence pour gagner ce match.”

prend ta carrière en main